Note sur la notion de professionnalisation

Il apparait depuis quelques années qu’une partie des étudiant.e.s dans différents masters de notre département, dont le master FPMI, souhaiteraient une formation « qui préparerait davantage à l’exercice concret d’une profession ».

Sur le plan règlementaire, tout master est à la fois orienté vers la recherche et vers une professionnalisation (cf. texte ministériel de cadrage des Masters ci-dessous). Il n’existe pas officiellement de master « recherche » et de master « professionnel » distincts. L’adossement à une unité de recherche et la présence d’enseignements issus de la recherche, la préparation d’une partie des étudiant.e.s à une poursuite d’études et de recherche en doctorat (qui est une expérience professionnelle de chercheur.e) sont obligatoires et nécessaires.

Un master est une formation universitaire. Ce qui caractérise l’université c’est d’être un lieu de recherches scientifiques sur lesquelles s’appuient des enseignements. La scientificité des contenus enseignés, les méthodes d’investigation, d’analyse et d’exposé des résultats, l’actualité des connaissances, la réflexion critique et théorique sont à la fois définitoires et garantes des enseignements universitaires. La volonté de transfert de la formation professionnelle vers la formation initiale, souvent publique, à la place de la formation continue à la charge des employeurs relève de choix économiques et politiques contraires aux missions indépendantes de recherche et d’éducation scientifiques des universités. Mais cette vision de l’enseignement supérieur, et plus largement de l’éducation, attachée au « marché » de l’emploi a été largement répandue depuis 20 ans et on peut comprendre que des étudiant.e.s d’aujourd’hui aient cela à l’esprit.

Un master est une formation à haut niveau, qui prépare à des activités dites d’ « encadrement » : diagnostics, mobilisation de connaissances et de méthodes complexes, élaboration et mise en œuvre de projets, prises de décisions fondées et concertées, etc. Un master ne saurait être une formation d’exécution technique et d’apprentissage utilitaire d’outils. Cela n’empêche pas l’étude de cas concrets dans les enseignements, bien sûr, et il y en a. Une préparation professionnelle à ce niveau nécessite l’appropriation de connaissances actualisées, de principes transversaux, de méthodes, qui serviront de fondements à des actions qui devront toujours être adaptées à des contextes particuliers. Dans le secteur du master FPMI, la variabilité de ces contextes est très haute et c’est par le projet personnel de stage(s), de terrain et de travail d’étude et de recherche (TER) que chacun.e peut commencer à faire l’expérience d’une contextualisation pratique réfléchie. C’est par la suite qu’un métier concret s’apprend sur des terrains professionnels précis, en l’exerçant et en s’adossant aux connaissances acquises en Master (c’est ce que nous appelons la transposition). 

Nos recherches sur le terrain, nos partenaires professionnels, nos propres expériences professionnelles toujours renouvelées, les retours de nos diplômé.e.s depuis 15 ans, confirment la nécessité de cette double orientation : transversale et à haut niveau.

Enfin, on pourrait souhaiter maintenir cet équilibre formation scientifique / professionnalisante en augmentant les enseignements de sorte d’augmenter la part de ces deux axes associés. C’est hélas impossible au regard des moyens limités de l’université.

C’est en ayant tous ces éléments à l’esprit que nous pouvons collectivement envisager ce qu’un master comme le nôtre peut offrir.

Texte de référence: « La formation conduisant au diplôme national de master comprend des enseignements théoriques, méthodologiques et appliqués et une ou plusieurs expériences en milieu professionnel, notamment sous la forme de stages au sens de l’article L. 124-5 du code de l’éducation. Les modalités d’encadrement, de suivi et d’évaluation de chaque période d’expérience en milieu professionnel sont définies au regard des objectifs de la formation. La formation comprend obligatoirement une initiation à la recherche et, notamment, la rédaction d’un mémoire ou d’autres travaux d’études personnels. Elle prévoit une orientation adaptée au projet professionnel de l’étudiant et assure une préparation à son insertion dans le milieu professionnel » (arrêté du 22/01/2014 modifié en 2018).

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